L’achat d’un premier bien immobilier est une étape majeure dans une vie, souvent accompagnée d’un emprunt bancaire conséquent. Si le taux d’intérêt du crédit retient généralement toute l’attention, un autre élément, souvent sous-estimé, peut pourtant alourdir la facture : l’assurance emprunteur. Pourtant, depuis une dizaine d’années, le cadre réglementaire a profondément évolué, offrant aux emprunteurs une marge de manœuvre significative pour réduire ce coût.
Voici comment.
L’assurance de prêt, un poste de dépense stratégique
Obligatoire dans la grande majorité des cas, l’assurance de prêt immobilier pour votre premier achat garantit le remboursement de l’emprunt en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail. Pour les établissements prêteurs, elle représente une sécurité indispensable. Pour les emprunteurs, c’est un coût récurrent parfois sous-estimé.
Selon le Comité consultatif du secteur financier (CCSF), le coût moyen de l’assurance peut représenter jusqu’à 30 % du coût total du crédit, en particulier pour les jeunes acheteurs qui contractent des prêts sur 20 à 25 ans. En 2024, ce coût varie généralement entre 0,10 % et 0,40 % du capital emprunté par an, en fonction du profil de l’assuré et des garanties souscrites.
La fin du monopole bancaire : une libéralisation au service des emprunteurs
Jusqu’en 2010, les emprunteurs étaient contraints de souscrire leur assurance auprès de la banque prêteuse. Mais plusieurs réformes ont progressivement ouvert la voie à la délégation d’assurance, permettant à l’acheteur de choisir un contrat externe.
Les grandes dates à retenir
- Loi Lagarde (2010) : permet de souscrire une assurance auprès d’un organisme autre que la banque.
- Loi Hamon (2014) : autorise à résilier l’assurance durant les 12 premiers mois du prêt.
- Amendement Bourquin (2018) : rend possible la résiliation annuelle de l’assurance, à chaque date anniversaire.
- Loi Lemoine (2022) : permet désormais de résilier à tout moment, sans attendre l’anniversaire du contrat.
Ces dispositifs ont ouvert la voie à la mise en concurrence, entraînant une baisse des tarifs proposés par les assureurs alternatifs.

Comparer pour mieux économiser
Comparer les offres est aujourd’hui une étape incontournable. Alors que les banques proposent souvent des contrats dits « groupe », mutualisés, les assureurs externes offrent des contrats individuels sur-mesure, généralement plus compétitifs pour les emprunteurs jeunes, non-fumeurs et en bonne santé.
Par exemple, selon les chiffres de l’UFC-Que Choisir, un emprunteur de 30 ans non-fumeur peut économiser jusqu’à 15 000 euros sur la durée totale d’un prêt de 25 ans en optant pour un contrat délégué plutôt qu’un contrat groupe bancaire.
Pour comparer efficacement, il est essentiel de s’assurer que les garanties sont au moins équivalentes à celles exigées par la banque. L’établissement prêteur ne peut pas refuser une délégation si le niveau de couverture est similaire.
Le rôle du questionnaire de santé : une barrière qui tombe
Autre nouveauté importante depuis la loi Lemoine : pour les emprunts inférieurs à 200 000 euros (par assuré) et dont le remboursement s’achève avant les 60 ans de l’emprunteur, le questionnaire médical est supprimé.
Cela signifie que les personnes ayant un risque de santé élevé (ou des antécédents) peuvent accéder plus facilement à une assurance abordable, sans surprime ni exclusion de garantie. Cette mesure, entrée en vigueur en juin 2022, concerne près de 50 % des emprunteurs, selon les estimations du ministère de l’Économie.
La résiliation : un levier encore sous-utilisé
Malgré les assouplissements législatifs, la résiliation reste peu pratiquée. D’après une étude de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) publiée en 2023, seuls 15 % des emprunteurs ont changé d’assurance en cours de prêt, souvent par méconnaissance des démarches ou crainte d’un refus bancaire.
Or, résilier son contrat en cours de prêt peut générer plusieurs milliers d’euros d’économies, à condition de respecter les règles de forme (lettre recommandée, délais de préavis, équivalence des garanties).
Les courtiers ou comparateurs spécialisés peuvent accompagner cette démarche, en identifiant les offres les plus compétitives et en facilitant les échanges avec la banque.
Un rappel utile : le prêt à taux zéro, un coup de pouce pour les primo-accédants
En parallèle de l’assurance emprunteur, il est important pour les acheteurs réalisant leur premier achat immobilier de ne pas négliger les aides publiques, au premier rang desquelles figure le prêt à taux zéro pour tous les primo-accédants (PTZ). Prolongé jusqu’en 2027, ce dispositif permet de financer une partie de l’achat sans payer d’intérêts, à condition de respecter certaines conditions de ressources et de localisation du bien.
Le PTZ peut couvrir jusqu’à 50 % du montant total de l’opération dans les zones tendues (notamment en Île-de-France et grandes métropoles), ce qui permet de réduire le montant du prêt principal – et donc, indirectement, le coût de l’assurance de prêt. En effet, celle-ci étant généralement calculée sur le capital emprunté, moins vous empruntez, moins vous payez d’assurance.
Conclusion : une vigilance qui peut rapporter gros
Pour un primo-accédant, souvent focalisé sur le prix du bien et le taux d’emprunt, l’assurance de prêt peut paraître secondaire. Pourtant, c’est un levier d’économies considérable, encadré par une réglementation favorable à l’emprunteur. En prenant le temps de comparer, de déléguer ou de résilier son assurance, vous pouvez alléger significativement la facture globale de votre crédit immobilier, sans compromis sur la sécurité.
Un effort administratif modéré, pour un gain qui peut atteindre plusieurs milliers d’euros. À l’heure où le pouvoir d’achat immobilier reste sous tension, il serait dommage de s’en priver.
